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Compostage : et si on s’y mettait ?
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Le compostage, acte écologique et économique, transforme nos déchets organiques en un trésor pour la terre. Comment fonctionne-t-il ? En quoi est-ce devenu une nécessité de composter ? Comment se lancer ?
Pour répondre à ces questions, nous avons invité Alonso Perez, maître composteur au sein de la SCOP Compostons, basée à Montpellier. Outre les formations de guide composteur, cette coopérative accompagne les établissements et les collectivités dans la mise en place de sites de compostage et organise des animations de sensibilisation pour tous les publics.
Envie de découvrir les secrets du compost ? Suivez le guide.
Le compostage est un processus biologique maîtrisé qui vise à transformer la matière organique en matière compostée. S’il existe depuis toujours à la campagne, ce geste s’est développé dans les villes depuis quelques dizaines d’années. “Je prends souvent l’exemple de la forêt, explique Alonso Perez. Recouverte de feuilles mortes et de matières organiques, la faune et la flore qui disparait se transforme en humus. Avec le compostage, on reproduit ce phénomène naturel en adoptant des gestes suivis et normés.”
Procédé vivant, le compostage est opéré par des micro-organismes. Bactéries, champignons, cloportes, araignées, vers de terre, souris, moucherons et autres larves sont attirés par un type particulier de déchets et œuvrent à la décomposition de la matière. “Pour qu’ils jouent correctement leur rôle, il y a trois règles d’or. La première, c’est l’humidité, avec des apports riches en eau et un accès à la pluie. La deuxième, c’est l’oxygène : retourner les couches permet d’attirer les bactéries ! Enfin, il faut une diversité des apports, comme dans le régime alimentaire.”
Le compostage contribue à la protection de notre environnement. La matière organique mûre, au bout de 6 à 10 mois, peut venir fertiliser les sols. “Le compost apporte des nutriments à la terre et aide à protéger le sol, ce qui évite l'évaporation. Il crée les conditions idéales pour que le cycle naturel des sols se perpétue et que la biodiversité se développe” indique Alonso Perez. À un stade moins avancé, les déchets verts, sous la forme de branches broyées, peuvent aussi servir de paillage pour protéger la terre et retenir l’eau. Les plantations ont ainsi besoin d’une quantité d’eau moins importante.
Le compostage est une solution pour réduire le poids de sa poubelle. Déchets verts et déchets alimentaires peuvent ainsi être transformés en fertilisant ou en biogaz, plutôt que de finir incinérés avec les ordures ménagères. Quand on sait que chaque année, en France, un habitant produit près de 250 kg de déchets non triés (poubelles grises), on comprend que le compostage constitue une voie efficace pour aller vers le zéro déchet.
Thym Commun, Tomate Cerise ou Mini Aubergines, toutes nos Mottes de Culture sont constituées de substrat végan, de graines biologiques et de nutriments.
Après la récolte, elles peuvent être valorisées dans un composteur !
Certains gestes sont à prendre en compte quand on se lance dans le compostage.
Que vous déposiez vos déchets dans un composteur individuel ou collectif, il vous faut, à chaque apport, les mélanger et les intégrer à la matière existante. Couvrez ensuite de matière sèche (copeaux de bois, feuilles mortes, boîtes d’œufs, morceaux de carton) pour absorber l’humidité, équilibrer le mélange et bloquer les possibles nuisibles.
On se demande parfois ce qu’il est possible de mettre dans un composteur. Si les composteurs collectifs ont leurs propres règles, généralement indiquées aux citoyens, en théorie, toute matière organique se composte. “C’est la nature qui nous guide : tout se décompose et redevient matière. Par exemple, pour les organisations collectives comme les cantines scolaires ou d’entreprise, nous préconisons de tout incorporer, même les plats témoins et les restes carnés.” Ainsi, il est possible de composter des mouchoirs usagés, des agrumes, des coquillages. “En revanche, on ne composte pas les emballages, même indiqués comme biodégradables. Ces derniers doivent être transformés dans des centres de tri industriels qui intègrent une énergie supplémentaire. On évitera aussi les litières, qui véhiculent de possibles pathogènes.”
La question du bio fait depuis longtemps polémique dans l’univers du compost. Si les restes de fruits et légumes traités peuvent sembler problématiques, tout est une question d’équilibre.
“Un mélange composé d’apports en bio et en non bio deviendra inerte grâce à la montée en température de la matière et à la diversité des micro-organismes. D’un point de vue social, il nous paraît aussi plus juste de ne pas imposer les restes bios dans un composteur collectif, car cela écarterait une majorité de la population” exprime Alonso Perez.
Quand on vit en appartement, on peut avoir l’impression de ne pas être concerné par le compostage. Et pourtant, il existe de multiples façons de transformer ses déchets organiques en ville ! En premier lieu, le lombricomposteur. Adapté aux habitats sans jardin, il intègre des vers de terre qui vont assurer la transformation de la matière. “Les bactéries et les champignons s’y développent naturellement, et les vers viennent compléter ces micro-organismes indispensables à la transformation.”
Dans de nombreuses villes de France, les composteurs collectifs se multiplient dans les quartiers et les entreprises. Il est alors aisé de conserver ses déchets quelques jours avant de les déposer dans ces bacs. “La plupart du temps, la matière compostée est accessible pour ceux qui le souhaitent” précise Alonso Perez.
Le 1ᵉʳ janvier 2024 marque un tournant dans la réglementation. À partir de cette date, avec la loi AGEC, les collectivités ont l’obligation de fournir aux citoyens la possibilité de valoriser leurs déchets organiques. Cela passe par plusieurs options : le compostage individuel ou collectif, le ramassage via un bac de collecte séparé, ou encore les points d’apports volontaires comme pour le verre.
“Cette loi est un premier pas. Mais le modèle global reste problématique : qui dit collecte, dit camion et émissions de gaz à effet de serre. Concernant les points d’apports, ils ne permettent pas de récupérer la matière pour un usage personnel. En tant que maître composteur, je défends le modèle du composteur collectif, qui donne souvent lieu à des projets de jardins collectifs et crée du lien entre les habitants” conclut Alonso Perez.
Vous souhaitez aller plus loin sur le compostage ? Visitez le site de la coopérative Compostons ou celui du Réseau Compost Citoyen, qui hébergent de nombreuses ressources et fiches techniques. Alonso conseille également les ouvrages de Denis Pepin, adaptés à de nombreuses situations.