Protection des océans et alimentation

Protection des océans : quels liens avec notre alimentation ?

Écrit par : Claire Guichard

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Temps de lecture 5 min

Nous sommes tous conscients que protéger l’océan est une nécessité. Ce que nous savons moins, c’est que nous pouvons agir grâce à notre alimentation. Quels sont les impacts de nos régimes alimentaires sur la biodiversité marine ? Comment y prendre part dans notre quotidien ? Pour y répondre, nous avons interrogé Malaury Morin, cofondatrice de Blutopia. L’association encourage les citoyens à préserver l’océan depuis leurs assiettes.

Vous avez sorti un film intitulé “De l’assiette à l'océan”. Quelle a été votre démarche avec ce documentaire ?

Après une première campagne sur la pollution plastique, nous avons eu envie d’aller plus loin en traitant le sujet de l’alimentation et du lien entre l’assiette et la protection de l’océan. On limite souvent les choses à la pêche et aux poissons, mais il existe de nombreux autres facteurs impactants auxquels on ne s’attend pas. C’est ce que nous avons voulu montrer à travers le film et toute la campagne.

Quel est le lien entre élevage intensif et protection des océans par exemple ?

Le principal lien entre élevage et pollution marine, ce sont les émissions de gaz à effet de serre (GES). En France, on mange en moyenne 80 kg de viande par an et par personne.


Cette consommation a des impacts sur notre planète. Les produits d’origine animale, et notamment la viande rouge, sont responsables de 14 % de GES. Les bovins émettent du méthane en quantité. Or, l’océan, qui joue un rôle de puits de carbone, capte 30 % des GES émis sur terre. Quand le dioxyde de carbone entre au contact de l’eau, cela crée des réactions chimiques qui acidifient le PH de l’océan. Ces transformations ont lieu sur un temps long, mais perturbent les nombreux organismes avec un squelette calcaire dans les eaux sous-marines : moules, huîtres et coraux qui abritent 25 % de la biodiversité marine. 

Quel rôle jouent les pesticides ?

Les pesticides détruisent la vie dans nos sols, mais ils s’infiltrent aussi dans les nappes phréatiques. Avec le cycle de l’eau, ils finissent dans l’océan, réceptacle des contaminations. On a retrouvé des résidus d’intrants chimiques interdits depuis des dizaines d’années dans des fosses profondes comme la fosse Marianne. Il est donc très important de réduire l’usage des pesticides, même s’ils sont utilisés loin de l’océan.

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Nous vous offrons la possibilité, avec nos potagers d’intérieur, de récolter vos fruits, légumes et herbes aromatiques directement chez vous, sans pesticides. Nos Mottes de Culture sont produites sans intrant chimique et contiennent des graines certifiées biologiques. 


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Comment le transport de nos aliments influe sur la pollution de l’océan ?

90 % des biens et marchandises sont transportés par voie maritime. Les GES émis par les navires, comme ceux émis par l’élevage, participent à augmenter la température moyenne à la surface de la planète. Et quand il fait trop chaud, ce n’est plus adapté à certaines espèces. Par exemple, chez les tortues vertes, le sexe est déterminé en fonction de la température du sable. S’il est trop chaud, les tortues vertes naissent, pour la plupart, femelles. Pour certains animaux, il ne sera donc bientôt plus possible de se reproduire. Les GES participent également à des problèmes de désoxygénation de l’eau, qui créent des zones sans vie dans l’océan.

Y-t-il d'autres problématiques moins visibles ?

Le transport maritime provoque d’autres enjeux moins visibles que ceux liés aux GES. Par exemple, la pollution sonore liée aux cargos qui naviguent en permanence. Ils créent un brouillard acoustique qui perturbe les cétacés pour repérer leurs proies et se préserver de leurs prédateurs. On peut avoir des collisions avec des mammifères marins comme les baleines. Le transport d’espèces invasives est aussi un fléau. Les coques de bateaux ou les eaux de ballast transportent des espèces loin de leur milieu d’origine, ce qui perturbe l’équilibre de l’océan.

La consommation de poisson est-elle encore possible ?

Comme pour la viande, il est important de réduire sa consommation de poisson. Dans le monde en moyenne, on en consomme 20 kg par personne et par an. En France, c’est 35 kg. Didier Gascuel, professeur en écologie marine, recommande de se limiter à 7 kg par an pour préserver la biodiversité marine. Il faut en faire un produit d’exception auquel on redonne de la valeur. Privilégiez la pêche à la ligne ou au casier, et regardez la saisonnalité des poissons. Choisissez également les plus gros poissons : leur grande taille signifie qu’ils ont atteint leur taille de maturité sexuelle et qu’ils ont eu le temps de se reproduire. 

Quelles initiatives sont possibles à l’échelle collective ?

Ce que promeut Blutopia, c’est de manger plus végétal, de privilégier les produits bio, sans intrants, locaux et de saison. Il serait intéressant que les cantines offrent une option végétalienne tous les jours. Il faudrait aussi réduire la part de pêche industrielle et d’agriculture conventionnelle. En ce qui concerne le transport des bateaux, une législation sur la vitesse permettrait de limiter les GES, la pollution sonore et les collisions.

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À l’échelle individuelle, quels conseils donneriez-vous pour adapter son assiette ?

Avec Julien, le co-fondateur de Blutopia, nous sommes devenus végétaliens. Nous avons découvert plein d’aliments ! Supprimer certains aliments ne veut pas dire avoir une assiette vide. Il existe beaucoup d’alternatives. Nous consommons par exemple des algues, qui offrent des nutriments et des protéines et rappellent le goût du poisson.

On en trouve en épicerie bio et dans quelques grandes surfaces. Elles peuvent être utilisées pour faire des makis, en bouillon pour des soupes, en paillettes comme condiments, en salades… Notre corps n’a pas forcément besoin d’apports en protéines animales. Les végétaux, notamment les légumineuses, offrent les apports nécessaires.

Comment choisir ses aliments sous le prisme de l’empreinte écologique ?

Il est important de ne pas considérer uniquement la question du transport : la question de la production est, elle aussi, essentielle. Le produit a-t-il nécessité des intrants chimiques ? A-t-il généré de la déforestation pour produire des aliments ? L’alimentation locale reste néanmoins porteuse de sens, pour connaître son territoire, se réapproprier ce que l’on mange et créer du lien avec les gens qui nous nourrissent.

Par où commencer pour modifier son alimentation ?

Notre conseil, c’est de partir de sa recette préférée et la transformer pour en faire une recette 100 % végétale. On remplace certains aliments, cela donne un autre goût, mais c’est toujours aussi bon ! On peut aussi tester de nouvelles recettes. Il existe de nombreux comptes Instagram sur le sujet, avec des recettes végétales simples à réaliser ! Je pense à @fitgreenmmind ou encore à @addictedtohumus. Petit à petit, on peut s’informer, prendre conscience des ordres de grandeur et faire ses choix en pleine conscience. Réadapter son alimentation en douceur et surtout faire son chemin sans culpabiliser.

Découvrez sur le site de Blutopia toutes les informations pour agir pour la protection des océans.



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